Beaux livres

Plus qu’intemporelle, Rome est véritablement une ville éternelle : les témoignages de trois millénaires d’existence se succèdent sur ses sept collines avec la même majesté. Mais ce qui leur donne cette réalité toute romaine, c’est la façon dont le quotidien continue d’imprégner de toute sa vitalité, presqu’avec négligence, les moindres recoins de la ville – comme ces chats indifférents qui habitent les ruines éclaircies par le temps. Le désordre insolent de la circulation, les odeurs de cuisine dans les cours ombreuses, les conversations véhémentes à propos du football ou d’un contrat d’affaires : on devine que Rome a toujours vécu ainsi, hédoniste et ambitieuse, convaincue de son bon droit. Il est intéressant de commencer une visite de la ville par la Rome antique, de préférence à la faveur du matin, qui donne plus de relief et de charme aux colonnes et aux vestiges éparpillés du Forum Romain, du Capitole et du Mont Palatin. Le Colisée en sera d’autant plus impressionnant : montez jusqu’aux galeries supérieures pour imaginer l’époque où des dizaines de milliers de spectateurs se rassemblaient autour des arènes. Une promenade dans les rues médiévales du Champ de Mars, autour de la Piazza Navona et du Panthéon, donne un aperçu de cet art de vivre exubérant, à la romaine, qui s’affirme dans chaque élément d’architecture, depuis les tons orangés des façades jusqu’à la puissance expressive des sculptures. D’où la prépondérance du baroque, qui a trouvé à Rome un lieu d’épanouissement privilégié. Les papes l’ont notamment mis à profit pour souligner la grandeur et la puissance de l’Église catholique. Leurs commandes auprès d’architectes, de sculpteurs ou de peintres ont donné à la ville des œuvres majeures, comme l’étourdissant plafond de la Chapelle Sixtine, réalisé par Michel-Ange, ou la place Saint-Pierre, entourée par ses quatre rangées de colonnes s’effaçant vers l’infini, que l’on doit au génie du Bernin. Mais on peut choisir de s’attarder devant une toile du Caravage ou de Raphaël qui nous touche plus particulièrement, et puis aller simplement goûter la tiédeur de l’air à la villa Borghèse, ou se rendre jusqu’à la merveilleuse villa d’Hadrien.