Compostelle à vélo Accueil / Contenus / Compostelle à vélo Extrait du guide : Sur les chemins de Compostelle Papier (livre entier) 22,99 € Cette deuxième édition du guide Ulysse Sur les chemins de Compostelle constitue un ouvrage de référence pour planifier un voyage de marche au long cours sur les chemins de Saint-Jacques. Voir la suite L’Europe compte depuis de nombreuses années des infrastructures de pratique du vélo bien développées. Comme ailleurs dans le monde, le contexte social encourage l’utilisation de ce moyen de transport actif, simple et écologique, et il ne faut pas avoir de scrupule à faire le pèlerinage à vélo. On peut ainsi, tout autant qu’en marchant, ressentir la liberté d’esprit et la distanciation d’un quotidien souvent trop formaté. Un pèlerinage à vélo, est-ce vraiment possible? Dans le cas du pèlerinage vers Compostelle, oui. Officiellement considéré comme un pèlerinage, le parcours effectué à vélo est admissible au certificat du pèlerin, la Compostela, avec la nuance qu’un pèlerin-cycliste devra avoir parcouru au moins 200 km pour se rendre à Santiago, au lieu des 100 km requis d’un marcheur. Et qu’en est-il de l’authentique esprit pèlerin? Le déplacement à vélo exigeant plus de vigilance que la marche, on pourrait le croire moins méditatif. Mais dans les deux cas, l’état d’esprit peut varier selon que l’on roule ou marche sur des chemins tranquilles ou en milieu urbain. Puis, sous le toit de l’auberge, après une journée en plein air, on goûte tous la même ambiance, partageant repas, anecdotes de voyage, souvenirs et même récits de nos vies. Finalement, on est tous pèlerins au même titre. On sait que plusieurs chemins de pèlerinage conduisent à Compostelle. Certains partent d’aussi loin que l’Europe de l’Est et les plus connus convergent de différents points en France vers Saint-Jean-Pied-de-Port, petite ville du Pays basque français sise au pied des Pyrénées. De là, du côté espagnol, sur les quelque 800 km menant à la célèbre cathédrale de Saint-Jacques-de-Compostelle, un trajet sur routes tranquilles, parallèle aux sentiers de marche, est réservé aux pèlerins-cyclistes. En France, les longs parcours de cyclotourisme suivent généralement de petites routes départementales peu fréquentées. Plus au nord, en Allemagne, aux Pays-Bas et en Scandinavie, notamment, on trouve de nombreuses pistes cyclables. Des applications en ligne et certains points d’information pour les pèlerins, notamment à Saint-Jean- Pied-de-Port, fournissent de bons renseignements pour la navigation. Des itinéraires établis passent par les mêmes villages que ceux que traversent les pèlerins-marcheurs, comme celui menant de Saint-Jean- Pied-de-Port à Santiago. Le pèlerin à vélo peut aussi élaborer lui-même son trajet. Il faut éviter à tout prix de rouler dans les mêmes sentiers que les marcheurs, ce qui peut être très désagréable pour une personne qui progresse dans sa bulle. Côtoyer les chemins de pèlerinage permet toutefois non seulement d’accéder aux lieux d’hébergement de détenteurs d’une credencial, mais également de rencontrer ces pèlerins de toutes origines qui donnent toute sa couleur au voyage. Choisir son itinéraire L’Europe a établi un réseau d’une quinzaine d’itinéraires cyclistes appelés « EuroVelo », offrant chacun des thématiques culturelles et touristiques particulières, dont l’Euro- Velo 3, aussi appelée la Véloroute des Pèlerins (https://fr.eurovelo. com/ev3). Ce long parcours de près de 5 400 km relie deux grands centres de pèlerinage, Trondheim et Saint-Jacques-de-Compostelle, en passant par la Norvège, la Suède, le Danemark, l’Allemagne, la Belgique, la France et l’Espagne. Si l’aventure de l’EuroVelo 3 vous intéresse, pensez à vérifier la disponibilité de l’hébergement pèlerin sur le parcours entre la Belgique et l’Espagne. Dans les pays plus au nord, vous devrez généralement prévoir coucher dans des établissements touristiques plus classiques. Le camping, peu cher en Europe, constitue une option intéressante; c’est au Danemark qu’on en trouve la plus grande concentration. S’équiper Rouler avec une certaine charge exige une monture adaptée, les principaux prérequis étant un cadre muni de points d’ancrage pour y fixer des porte-bagages, ainsi que des roues et un groupe de transmission suffisamment robustes. Le choix du vélo tient surtout au poids des bagages qu’on décidera de transporter. Un vélo au cadre d’acier spécifique au cyclotourisme permet de voyager en totale autonomie pendant plusieurs jours et dans des conditions extrêmes. Ces montures peuvent porter des charges pouvant atteindre quelque 40 kg. Les vélos hybrides et les vélos de montagne peuvent aussi convenir si l’on voyage plus léger. Il faut éviter les modèles en fibre de carbone, non résilients, plutôt aptes à se briser. Les fabricants ont récemment multiplié les types de vélos qu’ils proposent, dont le dernier-né, le vélo de gravier, peut aussi constituer un bon choix pour le pèlerin. L’équipement d’un pèlerin à vélo variera selon qu’il voyage en pleine autonomie dans une contrée sauvage ou en transportant des bagages réduits d’une région urbaine à une autre. En France et en Espagne, les auberges et gîtes pour pèlerins sont peu distancés pour répondre aux besoins des marcheurs. Dans ces pays, la tente sera donc peu utile aux pèlerins-cyclistes, qui pourront réduire le poids de leurs bagages à environ 20 kg. En Europe, le ravitaillement et l’hébergement ne sont généralement pas des préoccupations. En partageant ses repas entre les petits établissements de restauration et les services qu’offrent les gîtes et auberges, le pèlerin-cycliste pourra s’en tenir aux articles de cuisine nécessaires pour un repas champêtre. Il faut bien sûr prévoir une trousse contenant les outils et matériaux requis pour réparer une crevaison ou tout autre pépin mécanique. Le pneu étant le maillon faible de la mécanique d’un vélo, l’utilisation d’un type spécifique au cyclotourisme vaut le coût. Mentionnons que les trajets non asphaltés sont plutôt rares. Pour la pluie, les vestes et pantalons propres à la pratique du vélo sont préférables au poncho des marcheurs. Un couvre casque et des couvre-chaussures de vélo s’avèrent aussi très utiles. Tester son équipement en faisant un déplacement local de quelques jours avant le départ permettra d’évaluer ce qui manque dans ses bagages et le superflu qu’on peut en retirer. Témoignage de Marc Robert La planification de mes voyages vélo sur le continent européen se fait selon une formule sommaire. Je choisis d’abord les principales régions et sites que je souhaite visiter. J’ajoute le nombre de jours dont je dispose et cela me permet d’établir un trajet et de fixer les points d’arrivée et de retour en fonction des vols disponibles. Il y a alors une large place à l’improvisation, l’aventure et la découverte. Lors d’un passage dans certains pays du sud des Balkans, j’ai appris le mode de vie des monastères orthodoxes, des institutions chrétiennes qui ont une longue histoire d’accueil pèlerin. Plusieurs offrent toujours des locaux ou des auberges permettant à des voyageurs modestes d’y loger. J’y appréciais avec nostalgie l’ambiance monastique à la fois calme et laborieuse d’une époque que je ne connaissais que par la lecture et le cinéma. Au monastère de Lesnovo, en Macédoine du Nord, j’ai eu le privilège de passer plusieurs heures avec un moine qui m’a instruit sur les pratiques religieuses de ses confrères et sur leur rapport spirituel avec le saint patron du lieu. Au moment où nous devions nous quitter, le père me demanda : « Marc, es-tu un pèlerin? ». La question me surprit. En fait, je voyageais seul dans des pays où la barrière de la langue favorisait le retour sur soi. Spontanément, je répondis oui. À ce moment, le père fit signe à un collègue et on m’apporta un sac de victuailles : du pain, un kilo de fromage, du yaourt, du jus de cerises, des baies de goji, tous des produits du monastère. Quelle gratitude, quelle reconnaissance… contre toute attente, la vie s’occupait de moi. C’est cet événement qui m’a fait devenir candidat à la Véloroute du Pèlerin, un authentique voyage pèlerin. D'autres articles qui pourraient vous intéresser : UNE EXPÉRIENCE QUI LAISSE DES TRACES : TÉMOIGNAGES DE PÈLERINS